L’IROKO, une revue aux couleurs africaines
L’IROKO est une revue interdisciplinaire de l’environnement en Afrique, initiée par l’organisation non gouvernementale Recherche action en développement et environnement (RADE ONG) exerçant exerçant ses activités au Bénin depuis mai 2016.
La revue porte le nom de l’arbre tropical iroko[1]qui compte parmi les géants de la forêt tropicale avec ses 40 à 45 mètres de hauteur, pour un diamètre d’environ 150 centimètres[2]. Il est reconnu pour sa valeur culturelle, économique[3] et environnementale. En effet, c’est un arbre sacré et vénéré[4], également utilisé en médecine traditionnelle pour soigner certaines maladies comme l’asthme, l’épilepsie, la stérilité chez la femme et d’autres maladies liées à la sorcellerie et à l’envoutement. Cette espèce a la particularité d’être un arbre oxalogène transformant ainsi le dioxyde de carbone (CO2) capté dans l’air en calcaire, offrant ainsi le double avantage de séquestrer du carbone et d’enrichir les sols[5].
L’IROKO se veut donc être une revue panafricaine qui élève l’étendard de la diversité culturelle africaine dans les domaines des sciences sociales et environnementales. Pour ce faire, elle fera la promotion des étudiants ou jeunes chercheurs en herbe en publiant leurs productions scientifiques. Elle fera aussi de la vulgarisation scientifique des travaux de recherche qui touchent à la protection et la conservation de l’environnement, de la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique.
La revue L’IROKO comprend des articles de doctrine, des dossiers thématiques, des tribunes libres, etc. Elle est animée et gérée par un comité scientifique et un comité de lecture composés de spécialistes universitaires et praticiens issus de diverses disciplines.
Dr Sessinou E. HOUEDANOU
Notes
[1] Son nom scientifique est Milicia excelsa (ou Chlorophora excelsa). L’Iroko est une espèce d’arbres de la famille des Moraceae. Son aire de répartition chevauche les pays suivants : Angola, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Guinée-Bissau, Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. C’est aussi une espèce menacée rencontrée sous les noms suivants : Semli (Sierra Leone, Liberia), Odoum (Ghana, Côte d’Ivoire), Rokko ou Oroko (Nigeria), Abang ou Mandji (Cameroun, Gabon), Mereira (Angola), Kambala (RDC), Mvule (Afrique de l’Est). Voir : Stingeni L, Mariotti M, Lisi P (1998) Airborne allergic contact dermatitis from iroko (Chlorophora excelsa), 38:287. Voir aussi : Onunwa, Udobata R., A Handbook of African Religion and Culture. Dorrance Publishing.
[2] Blench, Roger (2006). Archaeology, language, and the African past. Altamira Press, 2010.
[3] Habituée aux aléas de la météo équatoriale, cette essence de bois est très appréciée pour le mobilier d’extérieur. Les caractéristiques du bois iroko font de ce bois un bois tropical adapté à la menuiserie, l’ameublement extérieurs, la construction navale. Le bois iroko est également utilisé pour la construction de ponts, de charpentes et de traverses de chemin de fer, tout comme le tali. Il s’utilise dans de nombreux autres domaines, de la fabrication de parquets à la confection de tonneaux.
[4] Cet arbre a une richesse naturelle et traditionnelle importante qui fait qu’il fait partie des arbres les plus importants de l’histoire du Bénin. Il est de fait craint et vénéré à la fois. L’Iroko est un arbre sacré de son vivant ou mort.
[5] Le calcaire se retrouve en effet dans le sol sous forme solide pour des milliers, voire des centaines de milliers, d’années ; les arbres oxalogènes offrent donc une potentielle solution sur le très long terme. On estime qu’un arbre iroko peut stocker environ 21 kg de carbone par an. L’arbre iroko en lui-même peut également se révéler très intéressant en agroforesterie grâce à sa capacité à améliorer la qualité le sol. L’écorce de cet arbre tropical est rugueuse et écailleuse, d’une couleur allant du gris cendré au brun sombre. Son enracinement est pivotant, ce qui lui permet de résister aux vents violents. Les plantes synthétisent les matières organiques nécessaires à leur croissance à partir de CO2 et d’eau, avec l’aide de l’énergie lumineuse du soleil. Mais au cours de ce processus, l’iroko a la particularité de produire dans son tronc, ses branches et ses feuilles, des cristaux de calcaire. Ce processus a deux conséquences, il permet de stocker davantage de CO2 qu’un arbre classique, et il modifie favorablement le sol qui devient moins acide et peut ainsi emmagasiner plus de nutriments.